L'Art du Piano

Un bref rappel d'Histoire...

          Née en Europe, la tradition pianistique remonte à une époque où le Piano n'existait pas encore, l'époque Baroque au XVIIème siècle, avec comme instrument son ancêtre, le Clavecin. Il s'agit d'un instrument à clavier(s) où l'action des touches va pincer des cordes pour produire le son. Ce n'est qu'au XVIIIème siècle, en plein cœur de l'époque Classique que le facteur de Clavecin, Bartolomeo Cristofori , proposa un instrument similaire où les cordes ne seraient plus pincées, mais percutées par un marteau de bois recouvert de feutre, ce qui permit de pouvoir jouer plus ou moins fort en fonction de la force mise pour jouer les touches.

Service simple et gratuit

Créer un site web gratuit
Fabriquez votre blog pro avec

Encore peu puissants, ces instruments pouvaient essentiellement jouer doucement (nuance « Piano » ou fort (nuance « Forte ») : le « Piano-Forte » était né !

Dans la pratique instrumentale, l'utilisation des doigts change, le Piano-Forte nécessitant davantage l'action du bout du doigt pour faire les nuances, chose qui était impossible au Clavecin.

Au XIXème siècle, pendant l'époque Romantique au moment de la révolution industrielle, le Piano-Forte se transforma pour devenir le Piano moderne que nous connaissons.

Les salles de concert se multipliant et devenant plus grandes, il fallait un Piano sonnant plus fort, alors il est devenu plus grand, plus puissant, et obtint une large palette de nuances allant du pianissimo au fortissimo, et même davantage à la fin du siècle et par la suite.

Le compositeur et pianiste virtuose Franz Liszt y contribua fortement par sa collaboration étroite avec le facteur de piano Erard, notamment pour l'invention du fameux système de « double-échappement », permettant de rejouer une touche avant que celle-ci ne soit entièrement remontée.

Les Grandes Écoles

          Au fil du temps, trois écoles majeures du piano se distingueront : l’École Française, l’École Allemande, et l’École Russe, chacune ayant des personnalités et des techniques propres tant dans la composition que dans l'interprétation.

Connue pour ses compositeurs Impressionnistes comme Debussy et Ravel, l’École Française se voit être l'héritière directe de l’École du Clavecin, avec un jeu très articulé, peu puissant, dans la recherche d'un certain goût « précieux » et au son  raffiné. On pensera au grand pianiste et pédagogue Alfred Cortot (qui fonda l’École Normale de Musique de Paris), ou à Samson François que l'on surnommait le « Poète du Piano », pour la délicatesse de leurs touchers et la subtilité particulièrement poétique de leurs phrases musicales.

De son coté, l’École Allemande s'est crée autour de grands compositeurs que tout le monde connaît aujourd'hui, comme Bach, Mozart, Haydn, Beethoven, Schumann, Schubert, Brahms... Peuple discipliné, on retrouve dans leur musique une stabilité rythmique irréprochable, « au pas », une écriture bien mesurée, équilibrée, structurée et très architecturale qui rend un effet de « Grandeur Universelle ». Cette École a donné naissance à de grands pianistes qui ont parfaitement su la représenter, tels que Alfred Brendel,  Wilhelm Backhaus, Wilhelm Kempff, tous trois étant particulièrement reconnus pour leurs interprétations des œuvres de Beethoven. Le jeu pianistique allemand est assez équilibré ; un son bien au fond de la touche, bien « assis », sans débordement, mais déjà plus présent que dans l’École Française.

Enfin, nous avons l’École Russe, l'école des excès, de la démesure, de l'expression exacerbée des sentiments de la patrie, au son large, gras, voluptueux pour transmettre toute l’intensité de l'expression jusqu'au fond des tripes, pratiquant énormément l'Agogie, c'est à dire cette manière de savoir étirer la pulsation pour mettre en relief certains moments musicaux à l'intérieur du discours musical énoncé. Ici, on joue avec le poids du bras, des épaules, du dos, nécessitant d'avoir des doigts extrêmement solides et robustes pour soutenir toute la pression exercée. Elle est représentée par de grands compositeurs comme Tchaïkovsky, Prokofiev, Chostakovitch, Scriabine et sans oublier le plus démesuré d'entre tous, Rachmaninov, mais également de grands interprètes tels que Vladimir Horowitz, Sviatoslav Richter, Emil Gilels, Vladimir Sofronitsky, ainsi que le grand pédagogue considéré comme un des piliers  de l’École Russe du Piano moderne, Heinrich Neuhaus.

L'apprentissage 

          Aujourd'hui, grâce aux échanges internationaux, nous pouvons  facilement avoir l’accès à ces différents types de traditions pianistiques. Nous pouvons les découvrir, les étudier, afin de développer notre jeu et notre sensibilité, ce qui permet lors d'un apprentissage d'avoir une réelle liberté et un large éventail de choix, mais aussi de réflexions, pour se définir en tant qu'artiste.
Il ne faut pas oublier que si l'on veut proposer quelque chose de nouveau, on se doit de connaître ce qui a déjà été fait, et pour cela de l'avoir étudié suffisamment afin de le comprendre vraiment. Dans mon parcours pianistique et musical, j'ai eu la chance de rencontrer et d'avoir appris par de nombreux grands Maîtres du piano issus de ces trois Écoles, et bons nombres d'entre eux -comme ma première professeure, Mme Corinne Betirac- me disaient souvent: «Si on apprend à maîtriser les difficultés de la Musique Classique, alors on est capable de jouer n'importe quel type de Musique».

Bien qu'abordé différemment dans ces trois Écoles, l'apprentissage va demander à l'apprenant de travailler au moins sur les trois aspects suivants: 


     -la maîtrise technique, car il faut développer sa maîtrise corporelle dans le but d'avoir les moyens de jouer une œuvre;


     -l'écoute , car tout comme les doigts, mains et bras du corps, l'oreille s'éduque également afin d'entendre de plus en plus de subtilités dans le son;


     -le goût musical, afin d'apprendre à s'exprimer d'une manière musicalement cohérente.



La maîtrise technique va impliquer de faire des exercices régulièrement, allant du travail des gammes aux arpèges, en passant par des exercices de doubles notes, de déplacements...dans une difficulté progressive car il n'est pas question de faire forcer le corps inutilement et de provoquer de blessures comme les tendinites et autres tensions du cou, des bras et du dos, si courantes aux musiciens, même aux professionnels. Pour cela, il sera nécessaire et primordial d'accorder une grande importance à la posture, car dans la majorité des cas, les problèmes musculaires sont liés à une mauvaise position, une mauvaise utilisation du corps, qui sera contre-nature et provoquera de graves dommages et blocages physiques qui pourront remettre en question la continuité de l'apprentissage. De plus, le manque de détente musculaires entraînera des duretés dans le son qui sera de plus en plus dur à contrôler.

Le travail sur l'écoute sera d'une grande aide pour guider l'apprenant dans son travail car il pourra, en partie, prévenir des tensions musculaires. Mais comme expliqué ci dessus, une oreille aura besoin d'être éduquée tout comme les muscles, car si on n'apprend pas à s'écouter, il devient impossible de se corriger, que ce soit pour de simples fausses notes, ou d'un son trop dur ou pas adapté au caractère voulu, ou pour des phrases musicales mal exprimées. L'attention portée sur l'écoute du son émis par l'instrument (sa nuance, son attaque, son timbre, sa dureté ou sa souplesse...)pendant une leçon ou dans le travail personnel se verra complétée par de l'écoute du répertoire musical, et pas seulement celui du piano mais également celui des autres instruments qui permettront d'entendre d'autres timbres sonores qui développeront l'imaginaire sonore de l'apprenant.

Ces écoutes qui mènent à la découverte du répertoire musical permettront aussi de mettre en place un goût musical, par l’exploration des différents compositeurs, des styles musicaux de chacun, des  différentes époques où à chaque fois nous pouvons analyser et comprendre  les « codes socio-musicaux » de l'expression, c'est à dire la manière musicale qu'il convient de faire  pour restituer ce qui est à exprimer, dans la  cohérence et la compréhension. C'est à travers ce goût musical que l'on peut savoir quelle est la marge que l'on a pour enrichir de sa propre personnalité et sensibilité d'artiste, la pièce que l'on veut jouer.

          Héritier de ces traditions, par la diversité de mon parcours musical et les grands Maîtres que j'ai eu la chance de côtoyer, mon but ici dans cette École de Piano, est de mettre à contribution mes connaissances, mes compétences et mon savoir-faire à disposition de tous ceux qui souhaitent apprendre le piano et découvrir le monde musical. Bien entendu, l'enseignement ne saura se faire que dans l'adaptation à chacun, avec un programme et une progression personnalisés en tenant compte des contextes, des désirs et objectifs de tous.
En dehors de la musique elle-même, l'apprentissage du piano offre bien des vertus qui seront utiles quels que soit le parcours de vie de chacun. En effet, les neurosciences ont montré que pratiquer régulièrement un instrument de musique développe considérablement la concentration, la patience, la logique, et apprend à être méthodique et organisé. De plus, la musique aide à exprimer ce que l'on a parfois du mal à dire par les mots, et peut éviter des blocages psychologiques plus ou moins complexes, et au contraire, développer la confiance en soi.

Pour finir, je voudrais dire à mes élèves et futurs-élèves, qu'à titre personnel j'aimerai leur transmettre toutes les richesses incroyables et infinies de la musique, qui m'ont tant touchées, émues, émerveillées et qui ont eu en moi un écho retentissant très fort, un écho de Liberté, ressentie comme une profonde connexion spirituelle au Monde, à l'Univers.